jeudi 7 août 2008

Tranches d'Endoxan, épisode 6

Hôpital de Soissons, le 6 août 2008

Pour Elise

Ils sont orthophonistes en France, logopèdes en Belgique ou logopédistes en Suisse, "speech and language therapists", ou encore "speech and language pathologists", abrégés SLT et SLP, chez nos voisins anglosaxons.

Infime illustration d’une des difficultés européennes, malgré ces diverses appellations, ils sont tous formés à résoudre des troubles de la communication liés à la voix, à la parole et au langage oral et écrit. Ces différents acteurs peuvent être aussi sollicités en matière de déglutition et de motricité bucco-faciale.

C'est le souci que rencontre Roger, mon pote de chambrée du jour, dans l'extrait sonore ci-dessous. Montez le son pour goûter cette voix délicieuse et cet accent engageant en cliquant sur le lien ci-dessous !

" Parler, sinon...! ".... 

Un jugement hâtif pourrait faire croire qu'une intermittente de fortune préside à ce stimulus vocal. Il n'en est rien, ce n'est pas non plus un des ouvriers bulgares du chantier d'agrandissement de l'hôpital de Soissons qui entame une reconversion lors de sa pause casse croûte. Ce n'est pas non plus une candidate à l’expulsion vers un quelconque et accueillant état, ex-soviétique, indépendant, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie ou encore Moldavie. Rien de tout cela, il s’agit de la « Mimi Mathy » de l’épisode précédent, médecin neurologue, d’importation roumaine, en poste à l’hôpital de Soissons. Je le répète encore, rien ne m’incline à douter des compétences de ces médecins siglés « Import ». Et d’autant moins dans le domaine de la sclérose en plaques où la brasse coulée est de rigueur. Néanmoins, vous en conviendrez dans cet extrait, on ne sent pas les éléments, sans doute accessoires mais forcément contributifs à un bon climat de dialogue et de guérison. Quant à l’écoute… !

La chaleur de la journée me laisse amorphe et aux prises avec un couple visitant Roger. Sous un maigre filet d’air distillé par un fragile ventilateur, le couple de pachydermes tente un vain dialogue avec le frère de la femelle. Le mâle s’applique à brouiller ses messages vocaux d’une forte empreinte « cht’i ». Je ne sais pas si cela gêne Roger car ses tentatives de réponses ne me permettent pas de déceler le moindre accent, « cht’i » ou autre. Rapidement lassé par ce maigre dialogue, ils me demandent s’ils peuvent mettre la télévision. J’acquiesce aimablement à leur demande et ils s’installent donc devant un vague remake de la « Cuisine au beurre », « Mes deux maris », où Patrick Bosso tient un rôle proche du Fernandel d’origine. Bref, l’ambiance se détend dès les premières puissantes répliques et je comprends enfin le succès de tant de mièvreries télévisuelles. J’ai même droit à des commentaires référencés sur la carrière de la vedette féminine Natacha Amal qui brille également, si j’ai bien compris, dans une série « Le juge ». Quant à l’inconnu Bruno Slagmulder, je n’ai pu noter les commentaires du mâle sur sa carrière. Peu importe, puisque que nous enchaînons déjà sur une autre chaîne pour suivre le préféré de la femelle, Guy Marchand dans Nestor Burma. Après quelques remarques bien senties du mâle sur le mauvais jeu d’acteur de Nestor, notamment dans les bagarres, je me rends compte que cette journée de perfusion touche à sa fin.

C’est le moment de quitter mes branchements divers, Roger et mes deux experts télévisuels. J’essaye de ne pas troubler leurs bonnes tranches de rigolades et je souhaite bon courage à Roger. Il me répond d’un sourire niais et fatigué.

Je quitte la chambre au travers d'une volée de réprimandes de la femelle à l'encontre de son mâle, zappeur impénitent, et qui vient de nous faire louper une tirade majeure de Nestor !

« Next » tranche, le 5 septembre 2008

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